Voici la traduction d’une interview que Love Spirals Downards a faite en 1995 dans le magazine américain Muse. Groupe Heavenly Voices par excellence, Love Spirals Downwards a su faire une musique encore plus éthérée que celle des Cocteaux Twins.

Dan GIBSON, The Nature of Canada

Le Label Projekt dit que vous produisez de la musique étherée, gothique et Dark Ambiant. Quelle terme correspond le mieux à votre musique ?

Suzanne: Ca m’est égal d’être attachée à la musique éthérée au point d’être appelé un groupe “à la 4 AD”. Cela est trop précis. La musique éthérée est descriptive, mais d’une manière plus vague.

Ryan: Cela pourrait être The Moon Seven Times, cela pourrait être nous, cela pourrait être encore The Sundays. C’est un terme très large.

Avez-vous étudié la musique à l’école ?

Suzanne: J’ai eu quelques leçons de chants, mais jamais jusqu’au point d’étudier pour en faire un métier. J’ai eu une licence en psychologie en 92 et une maîtrise en recherche psychologique.

Avez-vous un métier en psychologie en dehors du groupe ?

Suzanne: Oui. En ce moment je postule pour des programmes de recherche en psychologie clinique pour devenir docteur en philosophie. Je travaille dans une clinique qui fait de la recherche en politique de santé. Ma musique est l’équilibre fondamental entre ça, c’est-à-dire ma vie professionnelle qui demande un esprit très critique, et mon plaisir qui est celui de chanter. Love Spirals Downwards se limite vraiment à cette seule partie de ma vie, à des circonstances spécifiques.

Quelle a été votre première chanson que vous avez faites sérieusement ensemble ?

Suzanne: La première chanson que j’ai vraiment faite fut Forgo sur Idylls, notre premier album. Pas vraiment expérimental ou quoi que ce soit d’autres. Nous avons simplement commencer à la faire, j’ai simplement commencer à chanter et, “Attendez ! C’est pas mal !”. Nous l’avons ensuite envoyé à Projekt.

Ryan: En fait, une fois nos 3 première chansons finies, nous les avons envoyées à quelques labels. C’est tout ce que nous avons jamais fait pour être signés sur un label.

Suzanne: Nous ne conservons pas de chansons pour les ressortir plus tard, comme la plus part des groupes. (…) Toutes nos chansons sont celles que nous avons finies par sortir. Nous ne conservons pas les moutures. Si après une heure nous disons “Cette chansons ne marche pas”, nous nous soucions pas de la faire.

Quelle est la part de composition et d’improvisation dans votre musique ?

Ryan: J’arrive avec quelques séquences de cordes que j’aime sur guitare acoustique et je construit à partir de cela. Après ça, tout est très intuitif. Une idée vient en studio et elle est aussitôt enregistrée.

Comment créez-vous les paroles ? Vous chantez souvent dans un langage à sonorités latines. C’est très mystique, comme des psalmodies.

Suzanne: D’abord, je compose les notes, et puis habituellement, je trouve les mots qui vont avec ces notes. Toutes les paroles sont travaillées pour coller à l’ambiance général de la musique.

Vous avez fait mention de Cocteau Twins, Dead Can Dance comme étant les groupes que vous admirez.

Suzanne: Nous avons été nettement influencés par eux. Mais j’aurais pu également dire que j’ai été influencée par Tori AMOS, The Sundays ou Slowdive. (…) Ce que nous avons appris quand nous avons eu l’occasion de les rencontrer fut qu’ils n’avaient rien de mystérieux. Vous savez, quand vous avez 14 ou 15 ans, ils vous semblent si différents des autres groupes.

Il y a-t-il une différence dans le procédé de création entre écrire phonétiquement  et écrire des mots plus traditionnels ?

Suzanne: C’est une question intéressante. Il m’est beaucoup plus difficile d’écrire des paroles qui sont personnelles que d’écrire des paroles sans sens des parce que dans le premier cas je m’implique dans des choses que je révèle sue moi-même. Je ne sais pas jusqu’à quel point je me sentirais à mon aise en m’exprimant de cette façon ou en mettant cela en musique.

Ryan: Est-ce que c’est parce que vous ne voulez pas vous impliquer là-dedans ou est-ce que vous ressentez que cela n’a rien à faire dans la musique. Je pense que c’est ces deux choses à la fois. A d’autres égards, je ne veux pas que l’on puisse dater la musique. Je ne désire pas devoir écouter des chansons et repenser à des événements passés et me dire “Oh, c’était quand j’étais dans cette passe. C’était nul. C’était 1994”.

Suzanne: J’aime bien cette intemporalité.

J’aime que vous soyez sensible aux différences qu’il y a entre l’intemporalité de la mélodie et le genre de chanson que vous écrivez, à l’opposé de quelque chose qui est plus confidentiel et commenté. Il y a de la valeur en cela, mais ce n’est pas la seule musique valable.

Ryan: Je pense que beaucoup de gens viennent à la musique avec l’idée que dévoiler leur âme est quelque chose dont ils ont besoin pour écrire leur paroles. Ce que nous faisons, c’est briser cette prétention.

Il y a une certaine pureté dans une musique comme la vôtre. C’est de la musique pour la musique : pour vous transporter quelque part, emportant l’auditeur presque partout où il veut.

Suzanne: Toutefois, d’une certaine manière, vous vous laissez conduire par l’atmosphère du moment. Quand vous vous laissez aller dans une certaine direction, c’est l’atmosphère du moment qui vous dirige.

Ryan: C’est une bonne façon de le dire. Nous donnons un mouvement à cette musique, mais la laissons ouverte pour vous emporter où vous voulez.

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