Voici un article écrit il y a voilà maintenant 10 ans et qui reste toujours d’une étonnante actualité.
Aujourd’hui, le mot manga a, semble-t-il, perdu son sens premier qui était de désigné la bande dessinée japonaise au profit d’un terme plus générique qui recouvre à la fois l’animation japonaise et la BD nippone. Il est intéressant de voir justement l’évolution du mot manga depuis quelques années en France. Quand le terme manga apparut au début des années 90 en France (du moins pour les journalistes), il ne désigne encore que la BD japonaise et conserve son genre masculin. Mais avec “l’explosion” de l’animation japonaise en France et l’arrivée du manga en France via Glénat, on pu voir une multitude de reportage sur les mangas souvent faits à la va-vite et bourrés d’erreurs.
Cette méconnaissance du sujet est visible par la manière dont les journalistes prononçaient le mot manga qui devenait soit masculin, soit féminin. A ce propos, je me souviens d’un mémorable reportage (sur Canal+ dans l’émission C’est pas le 20 heures) où le “journaliste” prononçait mangas, “mangasse” !!
Mais ce n’est qu’avec l’arrivée de Manga Video que (à mon avis) le manga a pris un autre sens. Jouant sur la carte de la provocation (cf. leur publicité), ils sont à l’origine de l’utilisation du terme manga pour qualifier l’animation japonaise. Depuis lors, il semble acquis (mais uniquement en France) que l’animation japonaise, c’est du manga. Et le pire, c’est que même les fans semblent s’être habitués à cette confusion: en effet, on a pu voir dans une interview de Christophe GANS (grand amateur de DAN et de manga devant l’éternel) pour son film Crying Freeman (dans Projection Privée sur M6) qu’il employait manga comme terme générique.
Vous me direz que cela n’a pas beaucoup d’importance et que je chipote pour, à près tout, pas grand chose, et vous avez sans doute raison mais je vais vous montrer où je veux en venir. Maintenant, tout DA venant du Japon se voit qualifié de manga et cela à un effet pervers parce que cela semble marquer une rupture, une différence avec les autres DA. Il suffit de parler de manga pour que tout de suite on ait une série d’à priori quand au DA (ça doit être violent, mal animé, etc.). On semble parler du manga comme d’un DA de seconde catégorie, ne le réservant qu’à un public de pré-pubères en mal d’action. C’est en cela que cet amalgame est dangereux. En poussant le raisonnement à l’extrême, pourquoi ne pas qualifier les films de Walt DISNEY de comics ? A près tout, cela ne serait pas plus mal…