Retour en arrière sur la première soirée consacrée aux mangas et à l’animation japonaise en France (sur chaîne hertzienne, comme MCM l’avait fait un peu avant sur le câble).

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Nous sommes le 3 mars 1998, il est 21h40, je m’installe confortablement dans mon fauteuil et commence à regarder sur Arte la longue soirée consacrée au manga et à l’animation japonaise. Cela faisait déjà cinq mois que la soirée était sans cesse retardée et j’espérais que l’émission serait à la hauteur de mes espérances. Première mauvaise surprise, la confusion est faite dès les premières minutes entre manga et animation japonaise. Mais bon, à part ça le commentaire introductif à la soirée tient la route (sauf peut-être quand le commentateur insiste sur le fait que le manga semble confiné à l’univers de la science-fiction).

Le premier reportage est intéressant et bien construit. Il fait une petite présentation du manga. On y retrouve immanquablement Dominique VERET (à chaque fois qu’il y a un reportage sur le manga on le retrouve, serait-il le Daniel COHN-BENDIT de l’animation japonaise ?) et, oh surprise, Yvan WEST-LAURENCE, le rédacteur en chef d’Animeland. Il semblerait d’ailleurs que leurs interventions aient été raccourcies par rapport à la première diffusion sur TSR (en novembre dernier), ce ne fut, semblerait-il, pas le seul changement par rapport à la première diffusion (que faut-il en conclure ?).

Le second reportage commence avec le portrait d’un marionnettiste japonais (le rapport avec le manga ?) et se poursuit avec une visite guidée de 2 magasins Mandarake et Kiddy Land, intéressant sans plus.

Le 3ème reportage est assez commun dans son début et se rattrape en traitant quelques minutes du studio Ghibli (avec de trop courtes interviews de Hayao MIYAZAKI et de Isao TAKAHATA). Puis on eut droit à une réflexion sur la violence dans le manga et les DAN au Japon (avec quand même une image de Spawn en arrière plan (je n’invente rien !)) qui explique bien la difficulté des européens à admettre que le dessin animé n’est pas fait exclusivement pour les enfants (réflexe Waltdisnéen ?).

Le 4ème reportage (de loin le plus intéressant) nous propose un voyage au cœur de l’animation japonaise avec une instructive interview de MIYAZAKI et un reportage dans les studios de la TOEI. Et surtout une visite du Osamu Tezuka Manga Museum. Le portrait qu’ils ont fait de TEZUKA est remarquable et je tiens à les remercier pour nous avoir montré la bande annonce du film de Jungle Emperor Leo (j’ai failli presque en pleurer tellement c’était beau) et avoir diffusé Jumping, une de ses plus surprenantes œuvres (je l’avais déjà vue il y a quelques années dans l’émission Télétoon). Vraiment rien à redire.

Le 5ème reportage nous fait découvrir Pica Don de Kenzo KINOSHITA, un magnifique dessin animé qui traite de la bombe atomique, une œuvre qu’on n’oublie pas après l’avoir vu.

Le 6ème reportage traite inévitablement (et malheureusement) du sexe dans le manga. L’a priori négatif du journaliste pour le manga (à mon avis) se voit dès le début: “Il se produit au Japon autant de papier pour le manga que pour le PQ”. Il semblerait qu’il soit difficile de faire un reportage objectif sur le sujet. Et, justement, ce reportage ne l’était apparemment pas.

Cela ne va pas s’arranger avec le dernier reportage, Made in Europe: Soleil Couchant, tout est déjà dit dans le titre. Dans ce reportage, on put voir plusieurs interviews de dessinateurs français qui ont été contactés par de grands éditeurs japonais pour faire quelques planches (voire même plus, exemple avec BARU) au Japon. De ce reportage où on parle de LA manga (tiens comme c’est bizarre…), on ne perçoit que les côtés négatifs de l’expérience: le manga est une industrie (ce qui n’est évidemment pas le cas en France pour la bande dessinée…) où l’artiste n’a pas sa place.

A part ces reportages sur le manga et l’animation japonaise, on a pu voir quelques extraits (mais pas tout le film malheureusement: on dut dire adieu au sublime et touchant Presence alors que l’on eut droit au très moyen Deprive (que faut-il en conclure ?)) de Robot Carnival, un excellent film à sketches où on retrouve Katsuhiro OTOMO.

En résumé, on ressort assez mitigé de cette soirée: il y avait du bon et du moins bon. Mais il faut bien reconnaître que ce fut une des rares fois où l’on parle objectivement (dans l’ensemble) du manga à la télévision.