A la fin des années 90, peu de films d’animation japonais étaient diffusés au cinéma en France (à ma connaissance: Akira, Porco Rosso et Ghost in the Shell). C’est pourquoi un festival comme celui de Travelling Tokyo en 1998 pouvait être considéré à bien des égards comme un événement majeur pour la reconnaissance du cinéma japonais d’animation.

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Du 26 janvier au 3 février 1998 s’est tenu à Rennes le 9ème Festival du Cinéma de Rennes: Festival Travelling Tokyo où nous (enfin ceux qui étaient là) avons pu découvrir le meilleur du cinéma japonais, et notamment du film d’animation japonais (chose assez rare pour être soulignée). Voici la liste de tous les films d’animation qui furent diffusés: Akira (en VOSTF), Roujin-Z (en VOSTF), Memories (en VOSTF), Macross (le film en VOSTF), Le Tombeau des lucioles (en VOSTF), Porco Rosso (en VF et VOSTF), Patlabor 1&2 (en Version anglaise bizarrement) et Ghost in the Shell (en VOSTF). Il y en avait, comme vous pouvez le constater, pour tout les goûts.

Le grand événement du festival (du moins pour les fans tels que nous) fut sans aucun doute l’arrivée de Katsuhiro OTOMO, mangaka et réalisateur de renom, pour la présentation en avant première (en France) de son dernier film Memories. C’est justement ce film qui marqua l’ouverture du festival. Le film obtint un grand succès (pour preuve, on dut organiser à l’improviste une autre séance pour le film). OTOMO fit une séance de dédicaces improvisées dans la salle avant une courte (et maladroite) interview faite par les organisateurs (qui visiblement ne maîtrisaient pas tout à fait le sujet avec des questions du style “Comment expliquez-vous l’engouement récent (sic) des japonais pour l’animation ?”…). Une petite remarque sur le film, il semblerait qu’il ne faut pas pouvoir espérer le voir au cinéma avant la fin de l’année vu que le film était projeté en VOSTAnglais, la traduction en français n’étant faite que par affichage électronique sous le film (presque comme pour un doublage en somme).

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Le lendemain de la projection, OTOMO participa à une table ronde, malheureusement de courte durée (45 minutes) visiblement éprouvé par le temps breton. Ceux qui souhaiteraient avoir une transcription de l’entretien n’ont qu’à acheter le numéro 38 d’AnimeLand. C’est ce même jour (et non le lendemain d’après Ouest-France), qu’OTOMO rendit une visite surprise à Deep Zone pour le grand bonheur des propriétaires (hein Hervé ?) et des heureuses personnes qui se trouvaient là (dont votre serviteur). Là il fit une petite dédicace aux quelques personnes présents (dont moi ! dont moi ! dont moi !) et sur un des murs de Deep Zone (dédicace qui a été depuis encadrée). Cette visite valut d’ailleurs un petit article dans Ouest-France (du 29/01/98) avec quelques (très, très courtes) interview de passionnés (dont devinez qui ?). Ce fut d’ailleurs une des rares fois où on put lire un article objectif sur le sujet.

L’autre (petit) événement fut la table ronde sur les mangas Les mangas, un univers impitoyable avec entre autre Philippe CHRISTIN (rédacteur en chef de HK), Yvan WEST-LAURENCE (alias le Youli, rédacteur en chef d’AnimeLand (bien moins gros, pardon enveloppé, qu’en caricature)), Nicolas PRIET (vice-président de l’association Nakayoshi), Hervé JOUBERT-LAURENCIN (enseignant à Rennes2) et le rédacteur en chef de Manga Player (dont j’ai malheureusement oublié le nom). Manquait à l’appel Dominique VERET (directeur des librairies Tonkam) bien qu’il me semble l’avoir vu dans le coin. Le débat, qui attira moins de monde que je le pensais, fut intéressant bien qu’un peu trop confus dans l’ensemble.

La seule petite ombre au tableau fut peut-être la nuit blanche du film de monstre intitulé De Godzilla aux cyborgs avec Crying Freeman, Galaxy Express 999 et La Guerre des Monstres. En effet, le choix des films me semble critiquable: Crying Freeman est avant tout un film d’action romantique et Galaxy Express 999 un film de SF dramatique. Il aurait été plus judicieux de choisir des films plus dans l’acabit de La Guerre des monstres et ce fut d’ailleurs ça que le public attendait. En effet les échos de cette soirée furent assez mitigés (on eut droit à un article mémorable dans Ouest-France où le journaliste qualifiait Crying Freeman de film “même pas risible” !!).

Au final, ce festival permit de montrer au plus grand nombre des films japonais de qualité et, je l’espère, d’avoir fait tomber de nombreux fausses idées quand aux dessins animés japonais. Espérons que ce genre de manifestations soit plus fréquents en France.